Finance durable : les défis techniques de l’intégration des données ESG

Le volume et la diversité des données ESG posent de vrais défis techniques aux institutions financières qui doivent intégrer, puis analyser et exploiter ces données. Cet article se propose de détailler ces enjeux et de proposer des pistes pour les surmonter.
L'intégration technique des données ESG
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Publié le
1/10/2025

Finance durable : les défis techniques de l’intégration des données ESG

L’intégration des données ESG est devenue un enjeu majeur pour les institutions financières. Mais ces données se distinguent fortement des données financières traditionnelles, tant par leur nature que par leur complexité. La capacité des acteurs financiers à surmonter les défis techniques liés à cette différenciation conditionne directement la fiabilité des analyses et la conformité réglementaire.

Réussir la mise en cohérence des données

L’un des principaux défis techniques réside dans le mapping des données et la gestion des référentiels. Les données ESG sont en effet produites et distribuées par une diversité de fournisseurs, chacun utilisant ses propres identifiants et périmètres. Pour les acteurs financiers, la première étape consiste à relier ces identifiants aux référentiels financiers classiques.

Cette opération, en apparence simple, se révèle en réalité fort complexe. Certains fournisseurs proposent par exemple des données au niveau d’une filiale quand l’institution gère ses positions au niveau du groupe. D’autres appliquent des nomenclatures divergentes, compliquant le rapprochement entre jeux de données. À ce premier niveau, le mapping doit établir un lien technique fiable entre données financières et extra-financières.

Le second niveau, le matching, ajoute un niveau de difficulté supplémentaire. Il s’agit de créer des correspondances entre les émetteurs et titres référencés par différents fournisseurs ESG. Cette étape est indispensable pour comparer ou combiner les indicateurs issus de plusieurs sources. En pratique, elle se heurte aux divergences structurelles et méthodologiques qui transforment une simple table de correspondance en un véritable chantier technique. Une expertise solide est nécessaire pour en venir à bout. 

Ce travail préparatoire constitue un socle invisible mais critique de toute stratégie d’intégration ESG. Une erreur de correspondance peut entraîner des inexactitudes dans l’ensemble des analyses en aval, compromettant la robustesse des décisions d’investissement durable. Sans outil technologique spécialisé, ce travail est condamné à rester manuel, réalisé par des analystes qui priorisent les entreprises déjà présentes dans leurs portefeuilles. Mais cette approche limite l’extension de la couverture ESG et crée un goulot d’étranglement pour l’adoption à grande échelle.

Gérer les temporalités différentes entre données financières et ESG

Un deuxième défi technique réside dans la gestion de la temporalité des données. Les institutions financières travaillent traditionnellement avec des données de marché en temps réel, des valorisations quotidiennes et des reportings trimestriels. Les données ESG, elles, suivent une logique différente : elles sont souvent publiées annuellement, avec plusieurs mois de retard.

Les émissions de gaz à effet de serre illustrent ce décalage. Lorsqu’elles sont intégrées, ces données peuvent avoir plus d’un an d’ancienneté. Leur mise en relation avec une capitalisation boursière qui évolue quotidiennement pose de sérieuses difficultés méthodologiques qu’il faudra surmonter. Faute de quoi, ce décalage peut remettre en question la pertinence des indicateurs composites qui combinent critères financiers et extra-financiers.

Certaines données ESG suivent aussi une temporalité imprévisible. C’est le cas de celles qui sont liées aux controverses. Ces événements surgissent sans régularité et modifient instantanément le profil ESG d’un émetteur. Les institutions doivent alors ajuster leurs analyses dans l’urgence, avec des informations souvent incomplètes.

Cette hétérogénéité temporelle complique l’intégration des données ESG dans les modèles financiers. Elle impose la mise en place de mécanismes de gestion des versions et d’horodatage afin de garantir que chaque analyse repose sur des données cohérentes et datées. La question de la comparabilité dans le temps devient centrale pour maintenir la robustesse des portefeuilles et répondre aux attentes réglementaires.

Gestion des volumes de données

Le troisième grand défi est lié à la volumétrie croissante des données ESG. La granularité de ces données est bien supérieure à celle des données financières traditionnelles. Pour une entreprise, un fournisseur peut fournir plusieurs centaines d’indicateurs couvrant des dimensions variées : émissions de CO₂ par scope et par gaz, consommation d’eau par type, diversité des effectifs, gouvernance, etc.

Multipliés par plusieurs milliers d’émetteurs et sur plusieurs années d’historique, ces indicateurs génèrent des volumes considérables. Un asset manager peut ainsi être confronté à des dizaines de millions de points de données à gérer et à contrôler. Cette inflation volumétrique constitue un défi technique en termes de stockage, de traitement et de performance des systèmes.

La gestion de ces volumes ne se limite pas à un problème d’infrastructure. Elle soulève aussi des questions de gouvernance. Comment éviter les doublons entre sources ? Comment assurer la traçabilité de chaque donnée à travers ses transformations ? Comment maintenir la cohérence des historiques alors que les méthodologies évoluent régulièrement ?

Les infrastructures traditionnelles montrent rapidement leurs limites face à cette complexité. Les institutions doivent adopter des architectures de données capables d’absorber cette volumétrie et de fournir des requêtes performantes pour les équipes d’investissement. Parallèlement, elles doivent mettre en place des contrôles automatisés pour vérifier la cohérence interne des indicateurs et identifier les écarts entre sources.

La multiplication des données implique enfin un besoin accru de priorisation. Toutes les données ESG disponibles ne peuvent pas être intégrées et exploitées avec la même intensité. Les institutions doivent définir leurs besoins métiers prioritaires et orienter leurs efforts techniques vers les indicateurs qui apportent le plus de valeur stratégique.

Conclusion

Face à ces défis techniques, les institutions financières ne peuvent plus se contenter d’approches fragmentées ou artisanales. Elles doivent renforcer leur gestion de projet ESG en structurant leurs processus et en s’appuyant sur des outils adaptés. Dans ce contexte, recourir à une solution technologique éprouvée comme celle de WeeFin permet non seulement de fiabiliser l’intégration des données, mais aussi de transformer la complexité de l’ESG en véritable levier de performance et de conformité.

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